La pluie lui vrillait la peau comme des milliers de petites lames. C’était pas ce qu’il y avait de plus agréable mais cela n’eut pas le mérite d’entacher la bonne humeur et l’énergie de Yo Yeon. Ce n’est pas comme si un peu d’eau aller le changer, tout de même ! Il se contentait de courir dans les rues de Seiya. Ah, Seiya ! Cette ville, il commençait doucement à s’y sentir chez lui… C’était un peu bizarre mais pour l’instant, ce qu’il lui manquait le plus, c’était une gare… et des trains. Lui et ses lubies, hein… Faut pas aller chercher trop loin dans son cerveau, ça risque de faire peur. Dieu sait ce qu’on pourrait y trouver… Ouais, mieux valait pas s’en approcher.

Il évita de justesse une immense flaque… Bin quoi, il aurait pu se noyer, hein ! On sait jamais ! Les gens bien à l’abri sous leur parapluie le regardait comme s’il était fou… avant de se désintéresser tout simplement de lui. Après tout, il n’était qu’un simple petit Utilisé sans importance… Il n’avait pas grand-chose à faire dans ce quartier en fait. Il faisait tâche avec ces vêtements visiblement usés par le travail… Mais il s’en foutait ! Ouais, de toute façon, il allait rejoindre Jun et en profiter pour lui piquer des vêtements plus classes alors… Là, c’est juste qu’il avait passé toute la journée à faire des essais pour un nouveau Soju donc… La beauté de ses vêtements avaient passé en second… Et il était bien trop pressé de rejoindre son petit ami pour penser à se changer… Heureusement, il avait tout de même enlever sans grand tablier ! Il n’était pas complètement ridicule quand même.

La fatigue de la journée s’était entièrement envolée et courir ne lui poser pas de problème… Comme quoi la magie de l’amour faisait encore des miracles, même après un an passé ensembles… Espérons que cela continue encore longtemps ! Enfin, du côté de Yoyo, il ferait évidemment tout ce qu’il faut pour… Sauf avouer à son Jun son propre passé… Mais chut, il fallait qu’il oublie toute cette histoire, Jun n’allait jamais savoir de toute façon et c’était mieux ainsi… Faire comme si rien ne s’était passé, faire comme si le monde était encore beau et pleins de beauté… Ouais, faire semblant, ce devenait un peu la spécialité de Yo Yeon !

Mais peut-être, tout ce qui comptait c’est qu’il était fou amoureux de Jun Wang, non ? Le reste, ce n’était que des petits détails sans importance qu’il pouvait laisser dans un coin de son cerveau – raison de plus de ne pas aller y fouiller. Il reconnut de loin le bâtiment où habitait son petit ami… C’était dur de ne pas le voir, après tout il brillait presque de milles feux malgré les nuages qui obscurcissait la ville… Sales riches… Ils pourraient au moins lui passer un peu de fric, non ? Enfin, il n’était tout de même pas à plaindre … Mais il fallait avouer qu’il ne serait pas contre quelques milliers de yens en plus ~

Il arriva enfin à la porte de l’immeuble… surveillée, bien sûre. Fais chier ces hommes en noir avec oreillettes, ils avaient rien de mieux à faire que de contrôler tout le monde qui entre et sort… Bon, il passa sans trop de problèmes, ils commençaient à le connaître, à force qu’il squatte chez son petit ami… Manquerait plus qu’il doive montrer sa carte d’identité ainsi qu’annoncer à chaque fois pourquoi il voulait entrer dans l’immeuble… Il aurait pas gagné.

Trop tard pour l’ascenseur… En plus, il n’aimait pas ça alors autant faire simple : les escaliers. De toute façon, dans ce bâtiment, même les escaliers étaient classes… Dire que lui habitait dans un taudis… ça faisait un sacré contraste. Mais ce n’était vraiment pas le moment de penser à cela, n’est-ce pas ? Il avait mieux à faire, comme se réjouir de pouvoir embrasser Jun… par exemple, hein. D’ailleurs, il se trouvait désormais devant la dite porte où il était inscrit « KUSANO » en kanji. Il sourit puis toqua. Tss… Jun pourrait au moins lui donner le double de ces clés… dans le dos de ses parents – évidemment – non ? Cela faisait tout de même un an qu’ils étaient ensembles… qu’ils s’étaient retrouvés… Parce que là, c’était pas trop son truc de se retrouver comme un con devant la porte… frustré. Pas sexuellement, hein… Quoi que… Mais non, je voulais dire « frustré » car cela faisait bientôt vingt-quatre heures qu’il n’avait plus vu son aîné… et c’était long ! Très long ! Pour Yoyo, l’enfant gâté typique, ce n’était pas quelque chose qu’il pouvait supporter ni accepter. Ouais, on est capricieux ou on ne l’est pas, hein.